mardi 10 avril 2012

Les Bords de l'Yonne



Les bords de l’Yonne. Cette chanson fait partie des premières que j’ai écrites en français, au cours de mon stage au Pérou l’an passé. Après six années à gratouiller mes folksongs en anglais dans les bars de France et d’ailleurs (Norvège, Hongrie), j’ai donc décidé à l’été 2011 de me mettre au français, tout en continuant en parallèle mon projet en anglais (voir par ailleurs).
Ecrire en français. Incongruité ? Evidence ? Incongruité sûrement pour commencer, car l’essentiel de mes influences musicales jusque là provenaient de l’autre côté de l’Atlantique (et bien souvent de sous la Mason Dixon line). Comment alors envisager la chanson, le texte, en s’inspirant d’univers poétiques par essence très difficiles à adapter dans une autre langue? D’un pays à l’autre, d’une langue à l’autre, les esthétiques sont différentes, les ressentis, les attentes, et envisager retranscrire l’atmosphère des chansons du Vieux Sud américain dont j’étais fortement imprégné dans ma propre langue me paraissait être une tâche bien complexe. Incongruité donc, et premières difficultés dans l’approche poétique.
Mais en même temps évidence, forcément, évidence car on ne peut revendiquer l’héritage de personnages parmi les plus grands “écrivains de chansons” au monde (Bob Dylan, Townes Van Zandt, Guy Clark, John Prine, Bruce Springsteen, Butch Hancock, etc), et ne faire qu’essayer de les imiter, avec sa propre patte certes, mais dans une langue qu’on ne maitrise pas tout à fait. Il fallait donc s’attaquer au “songwriting à la française”, et tenter de trouver le bon compromis entre l’univers de la chanson américaine et l’esthétique poétique propre à notre bonne vieille langue.
                                     

                                                           Butch Hancock

Pour cela, j’ai essayé de me former aux normes de la chanson française des années 1960 - 1970, que je ne connaissais que trop peu, en m’imprégnant de textes me semblant s’approcher de ceux de ces mentors sus-cités, de par leur caractère sombre et mélancolique. J’ai donc décidé pendant quelques mois d’écouter en boucle deux de ces chanteurs de la génération de mes parents : Serge Reggiani et Barbara.
Le résultat de ces écoutes prolongées, à Lima, sur les bords du Pacifique, tous les soirs en rentrant d’un boulot qui ne m’enthousiasmait guère (j’étais alors en stage dans le cadre de mes études d’ingénieur), me vinrent assez rapidement, et j’ai ainsi pu écrire mes premières chansons un tant soit peu abouties en français. C’étaient Hervé et les Bords de l’Yonne, dont je vous propose ici une écoute.
Les Bords de l’Yonne retracent l’histoire d’une vie, d’une vie comme une autre, un peu cahoteuse peut-être, d’un individu qui comprendrait ainsi son destin au travers de ses ballades lancinantes le long des rives du fleuve de son enfance. Les choses passent, le temps avance, et avec lui les différentes appréhensions face à ce monde un peu vaste, et qui défile un peu trop vite. Le picking appliqué dans les enregistrements est celui que j’ai emprunté à Townes Van Zandt (voir cette vidéo extraordinaire, pour ceux qui ne la connaitraient pas), et il me semblait intéressant pour la maquette proposée ici d’étoffer l’instrumentation avec un violoncelle et un piano. Kim Giani, qui s’est occupé du mix, a enregistré le piano, et le violoncelle est joué par Marie Tournemouly.
Voili, voilou pour la petite explication. Je file à l’instant répéter avec Ben et Corentin, en vue de notre concert de jeudi qui arrive, 29 mars 2012, à l’International pour la grande soirée Midnight Special Records. En espérant vous y croiser !

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